Martha Graham

Martha Graham – née à Pittsburgh en 1894 et décédée à New York en 1991 – était une danseuse, chorégraphe et directrice de compagnie américaine.

Après avoir assisté à un spectacle de Ruth Saint Denis, Martha Graham décide de devenir danseuse. Elle s’inscrit à la Denishawn, première école de danse moderne américaine, et accède rapidement à des rôles dans la compagnie, en particulier Xochilt (1920). mais, dès 1923, elle décide de voler de ses propres ailes, s’installe à New York, danse dans la revue Greenwich Village Follies, et commence à donner ses premiers récitals entourée de trois danseuses. Épaulée par le compositeur Louis Horst, elle décide de travailler à la recherche d’un langage personnel, avec sa petite compagnie composée essentiellement de femmes, le Martha Graham Group. Elles écrit alors ses premières pièces où son vocabulaire s’affirme dans sa singularité (Heretic, Vision of Apocalypse, 1929). Trois solos vont marquer les années suivantes : Lamentation (1930), tragique variation sur le chagrin ; Frontier (1935), qui marque le début de sa collaboration avec le sculpteur Isamu Noguchi ; Deep Song (1937), inspiré de la guerre civile espagnole et protestation contre toutes les guerres. Dans les années 1930, alors que l’Amérique traverse une crise profonde, ses œuvres révèlent une dimension politique : American Provincial (1934), Panorama (1935), American Dcoument (1938), où elle retrace l’histoire de la nation américaine en six tableaux. En 1944, elle crée Appalachian Spring qui exalte l’esprit pionnier à travers une sorte de fresque illustrant la vie d’une communauté. En 1940, elle crée Letter to The World, poème dédié à Emily Dickinson dont elle est une fervente lectrice. De même, en 1943, dans Deaths and Entrances, elle brosse le portrait tragique d’une femmes pleine d’énergie brisée, inspirée par la vie d’Emily Brontë. Parallèlement à son travail de création, elle enseigne et c’est probablement durant cette période qu’elle élabore sa technique, contract-release, basée sur un mouvement global déclenché par un enroulement du bassin à partir d’une impulsion qui met sous tension toute la colonne vertébrale. M.Graham a codifié l’acte de respirer, le mouvement naît de ce que la chorégraphe appelle « la maison de la vérité pelvienne », la source de vie. Les années 1945-1960 sont celles de la « période grecque » : un ensemble de pièces tragiques où elle réinterprète les grands mythes de l’humanité. Très influencée par les recherches de Carl Jung, elle réactive, dans les grands rôles qu’elle interprète elle-même, l’inconscient collectif. Le corps ainsi sollicité par l’introspection laisse surgir les images les plus enfouies: les héroïnes expriment les sentiments élémentaires, amour, haine, jalousie et sont conviées à percer les secrets de leurs actes. Sa danse est traversée par une dimension passionnelle : Dark Meadow (1944) ; Errand into the Maze (1947) qui revisite l’histoire de Thésée ; Cave of the Heart (1946) où Médée personnifie la colère jalouse ; Night Journey (1947) qui met en scène le destin de Jocaste, mère et femme d’Oedipe ; Clytemnestra (1958)… Toute l’action est dans la danse, sans trace expressionniste.

A partir de 1953, elle reçoit le soutien de la baronne Bethsabée de Rothschild qui lui offre des lieux de répétition à New York, finance ses décors, et plus tard, en Israël, invite la compagnie qui développe un enseignement régulier et fonde la Batsheva Dance Company en 1964. Les années suivantes, M.Graham traverse une période de dépression et cesse de danser en 1969. La compagnie survit grâce aux danseurs puis, en 1972, elle se remet au travail, reprend certaines pièces de son répertoire avec de grands interprètes comme Mikhaïl Barychnikov et Rudolf Noureev. En 1981, ellecrée Acts of Light sur la partition musicale de Carl Nielsen. En 1984, elle monte unSacre du Printemps, et crée sa dernière pièce Maple Leaf Rag en 1990.

Reconnue et adulée dans le monde entier, elle est considérée comme la « mère » de la danse moderne.

-G.VINCENT

–Mémoires de la danse (1992), Arles, Actes Sud, 2003.

–Martha Graham, Paris, L’Avant-scène, coll.Ballet, 1982 ; DOBBELS D., Martha Graham, Arles, Bernard Coutaz, 1990

Merci aux Éditions des Femmes

Quelques œuvres

Martha Graham

Martha Graham

Martha Graham Crédit Barbara Morgan